Quatre questions pour comprendre le retrait de 60 glaces contaminées à l'oxyde d'éthylène
La liste de produits rappelés à cause de traces d'oxyde d'éthylène s'allonge. En plus de l'épicerie salée et sucrée, la direction générale de la concurrence, de consommation et de la répression des fraudes a ajouté plus de 60 références de glaces. L'oxyde d'éthylène, biocide classé comme cancérigène, a été retrouvé dans la farine de caroube utilisée pour rendre les glaces plus crémeuses.
A quoi sert l'oxyde d'éthylène ?
L'oxyde d'éthylène est un gaz incolore utilisé notamment pour ses fonctions désinfectantes. Interdite comme pesticide depuis 1991 dans l'Union Européenne, cette substance active est également prohibée depuis 2011 dans ses usages de biocide. Une interdiction survenue suite au classement de l'oxyde d'éthylène comme cancérigène probable par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) dès 1994.
La norme européenne stipule que les produits alimentaires ne peuvent pas en contenir plus de 0,05 mg par kilo (et 0,01 pour les produits bio).
Dans quel ingrédient ont été retrouvées les traces d'oxyde d'éthylène ?
Dans un premier temps, des traces d'oxyde d'éthylène ont été identifié des graines de sésame. Ces dernières sont utilisées dans la composition de gâteaux d'épicerie sucrée ou salée, ainsi que dans certains produits frais comme le houmous.
En France, plus de 60% des graines de sésame importées proviennent d'Inde. Selon les informations divulguées par une mission d'information du Sénat sur le sujet, en février dernier, 22 importateurs indiens avaient déjà été identifiés avec des lots contaminés. Ils auraient utilisé l'oxyde d'éthylène par fumigation pour désinfecter les graines contre les salmonelles. Comme le rappelle la mission d'information parlementaire, depuis 2014, les graines de sésame en provenance d'Inde sont, en effet, ciblées par une mesure d'urgence pour le risque salmonelle : "une hypothèse, émise par de nombreuses personnes entendues, serait qu'il ait été utilisé comme traitement désinfectant afin de réduire la présence de micro-organismes comme les salmonelles" expliquent les parlementaires.
En ce qui concerne les 60 glaces ajoutées mardi 15 juin à la liste de la DGCCRF, la contamination provient de la farine de caroube. Cet ingrédient, issu de la cabosse d'un fruit méditerranéen, permet notamment de stabiliser les recettes et rendre les glaces plus crémeuses. L'association des entreprises de glaces, qui réunit les industriels du secteur, confirme que début juin, plusieurs producteurs de crème glacée ont été informés par l’un de leurs fournisseurs d’un problème de conformité de certains lots en provenance de Turquie. "La matière première concernée (stabilisant) est incorporée dans des proportions très faibles et fait l’objet d’une dilution importante dans les produits finis. Par conséquent, les quantités d’oxyde d’éthylène pouvant se retrouver dans les glaces sont infimes et permettent de considérer le risque sanitaire comme étant très limité", tente toutefois de rassurer la fédération des glaces.
Quels sont les produits et les industriels concernés ?
Plus de 7 100 produits font l'objet d'un rappel pour cause de contamination à l'oxyde d'éthylène. "Mais cette liste est actualisée régulièrement", précise un porte-parole de la DGCCRF qui tient à souligner que ce n'est pas 7 100 produits qui ont été rappelés le 16 juin, mais 60 nouvelles références qui ont été ajoutées à la liste déjà en vigueur.
La plupart des industriels des marques distributeurs sont concernés. On retrouve aussi bien ainsi des sorbets citron vert et vanille de la marque Métro, plusieurs sorbets de la marque Glaces des Alpes. Mais également des mini bâtonnets, des cônes, des bûches glacées...
Comment sont contrôlés les produits végétaux importés ?
La question des contrôles des importations est au cœur de cette nouvelle vague de rappels. Comme le soulignent les parlementaires dans leur rapport :"il n'y a pas de contrôles requis sur les denrées végétales, alors que les contrôles sont plus systématiques sur les denrées animales." Les vérifications sur les produits végétaux interviennent uniquement quand des risques ont été préalablement identifiés selon un schéma recoupant la denrée, son origine et un risque identifié.
Un système qui conduit à ce que ne soit contrôlés que les produits faisant déjà l'objet d'une alerte. "Ce système, certes économe en ressources, permet des contournements potentiels en ciblant, explicitement, les risques sur certains produits. (...) le risque de présence d'oxyde d'éthylène sur les graines de sésame indiennes n'étant pas anticipé, aucun contrôle n'a eu lieu au regard des mesures renforcées européennes avant la crise", déplorent les parlementaires. Ces derniers appellent notamment à la création d'une DGCCRF européenne dont la mission serait de renforcer les contrôles obligatoires et aléatoires sur les importations.
la source: L'USINENOUVELLE.com
Publié: Adeline Haverland