En 2040, 60% de la viande que nous mangerons sera artificielle ou végétale
Dans une étude publiée mercredi, des experts américains prévoient que d’ici vingt ans, la viande sera majoritairement synthétique, ou créée à base de végétaux.
C’est une réalité: la viande de synthèse arrive à grands pas dans nos assiettes. Une start-up israélienne prévoit même dès 2022 de mettre sur le marché des lamelles de bœuf obtenues par des cellules-souches. Ce secteur en devenir, bien poussé par les mouvements vegans et animalistes, inquiète les agriculteurs. Un rapport, publié mercredi, a de quoi justifier leurs craintes: selon cette étude du cabinet de conseil américain AT Kearney, se basant sur des entretiens avec de nombreux experts, 60% des viandes que nous mangerons en 2040 ne seront pas issues d’animaux morts. Cette nourriture sera remplacée par de la viande «de culture» (ou in vitro/synthétique/artificielle) (35%), à base de végétaux (25%) voire d’insectes, prévoient les auteurs.
« Le passage à des modes de vie flexitariens, végétariens et végétaliens est indéniable »
Carsten Gerhardt, un des auteurs du rapport.
Pour étayer leur argumentaire, les experts pointent l’impact environnemental important de la production de viande dite «conventionnelle» ainsi que la récente sensibilisation du public au sujet du bien-être animal. «Le secteur de l’élevage à grande échelle est considéré par beaucoup comme un mal inutile», indiquent-ils. «Avec les avantages des nouveaux substituts vegan et de la viande in vitro, ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne prennent une part substantielle du marché».
Manne financière indéniable
L‘industrie de la viande implique aujourd’hui des milliards d’animaux pour un chiffre d’affaires annuel d‘environ 885,8 milliards d’euros au niveau mondial. Malgré ces chiffres énormes, de nombreuses études scientifiques récentes dénoncent l’impact de l’exploitation animale sur le dérèglement climatique, la disparition des espèces ou encore la pollution des rivières et océans, selon les auteurs. Pour espérer s’y substituer, des sociétés américaines - Beyond Meat, Impossible Foods ou encore Just Foods - utilisent par exemple des ingrédients d’origine végétale pour créer des produits de remplacement: hamburgers, œufs brouillés, etc. Ces dernières ont investi un milliard de dollars au total. En France, le think-tank «Altruisme Efficace France» a récemment organisé une conférence sur le sujet et des start-up fleurissent progressivement.
Quant à la viande synthétique, qui nécessite des cellules animales multipliées dans un bioréacteur, sa production de masse pourrait commencer dès 2021. Même si cette technique nécessite encore des coûts trop élevés, les auteurs assurent qu’elle «finira par gagner à long terme». Grâce notamment à une meilleure durée de vie, moins de réfrigération requise, et un risque nul d’épidémie, selon les auteurs. Malgré tout, pendant la période de transition, le végétal sera lui aussi «essentiel» même si son offre a aujourd’hui atteint un point de saturation. Les experts estiment que ces techniques «alternatives» vont, quoi qu’il arrive, chambouler le secteur agroalimentaire sur l’ensemble de la planète. «Le passage à des modes de vie flexitariens, végétariens et végétaliens est indéniable», évoque Carsten Gerhardt, un des collaborateurs de l’étude.
la source: Le Figaro
Auteur: Etienne Jacob